Interview : Nathalie Zelanti • Lycée La Fontaine du Vé

Interview de Nathalie Zelanti, enseignante de l’option cinéma au lycée La Fontaine du Vé de Sézanne (51) sur 2 projets menés avec le Blackmaria

1. Présentez-vous et dites-nous quelques mots sur le projet que vous avez mené récemment avec le Blackmaria et celui que vous mènerez prochainement.

« Je m’appelle Nathalie Zelanti et je suis professeure de Lettres modernes et de Cinéma-audiovisuel au lycée polyvalent de La Fontaine du Vé à Sézanne. L’an passé, le Blackmaria et le CNC ont accompagné nos 22 élèves de Première en option CAV dans le cadre du projet « Écris ta série« . Ce dispositif a très bien fonctionné et a particulièrement intéressé les lycéens.

Cette année, en collaboration avec le professeur d’Histoire-Géographie et de Cinéma-audiovisuel, 26 élèves de Terminale en option CAV participeront avec le Blackmaria au projet Kinotrope avec Image’Est. À partir des archives de différentes cinémathèques de la Région Grand Est, nos lycéens devront proposer cinq ou six documentaires, chacun de cinq minutes, sur la thématique de la Seconde Guerre mondiale en Lorraine et Champagne-Ardenne ou sur celle du sport, selon le choix des différents groupes. Grâce à cette éducation spécifique à l’image, nos élèves s’exerceront au montage d’archives vidéo tout en enrichissant leurs connaissances sur le genre du documentaire et sur l’Histoire de notre région. Ce projet débutera mi-octobre pour s’achever début décembre. »

2. Quelle serait pour vous la définition de l’éducation aux images ?

« Éduquer aux images, c’est avant tout, pour ma part, sensibiliser l’élève aux effets produits ou recherchés par les images, quelle que soit leur nature, dans le but d’exercer son esprit critique tout en cultivant son plaisir, sa capacité d’observation, et sa curiosité. C’est tenter de lui donner les clés pour mieux appréhender le monde qui nous entoure, passé, contemporain ou futur. C’est l’accompagner pour le guider face au pouvoir complexe et grandissant de l’intelligence artificielle.

Éduquer aux images, c’est ainsi éduquer à la fois le regard et l’esprit. C’est tenter d’apporter les moyens de rester vigilant sur les liens tissés entre le monde réel et les images. C’est offrir une distanciation critique et une solide culture dans divers domaines. Et c’est, à partir de la connaissance des images, de la maîtrise du vocabulaire spécifique, et de la pratique artistique, donner envie de devenir créateur à son tour et non plus seulement spectateur ! »

3. Comment tentez-vous d’intégrer cette question dans vos travaux/projets ?

« Toute étude menée à partir de l’histoire des arts, en Français, Histoire-Géographie, EMC ou toute autre discipline, interpelle d’emblée l’élève et l’incite à devenir acteur et non pas seulement spectateur du cours. Partir de l’analyse collective d’une image fixe ou animée (peinture, photographie, extrait vidéo, interview, documentaire, adaptation littéraire au cinéma et à la télévision…) permet d’immerger l’élève dans une époque différente de la nôtre et de lui donner les moyens et l’envie de comprendre le contexte de chaque création artistique.

C’est pourquoi j’exploite le plus possible les ressources des images dans mes cours, en variant les approches et la nature des documents. Les élèves élaborent ensuite individuellement ou collectivement des cartes mentales à partir des émotions et analyses des différents supports. En fin de séquence, en français, pour chaque objet d’étude, je demande aux élèves de passer à la réalisation : par exemple, filmer une saynète théâtrale écrite en groupe, créer des illustrations correspondant à des poésies personnelles, réaliser du photojournalisme, filmer des interviews d’auteurs ou de personnages fictifs, ou encore esquisser des croquis pour des joutes oratoires.

Cette éducation aux images est au cœur de l’enseignement en Cinéma-audiovisuel, avec pour objectif de permettre aux élèves, à travers diverses mises en situation, de maîtriser les techniques cinématographiques, d’appréhender les périodes de l’histoire du cinéma, les spécificités des genres cinématographiques, et les innovations techniques au fil des époques. Par exemple, réaliser plusieurs prises de vues d’une même situation avec des intentions différentes permet de montrer comment imposer un point de vue particulier ou déformer la réalité. Réaliser un film d’animation en stop motion permet également d’exploiter de manière privilégiée l’éducation aux images. »

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