Interview : Pauline Guignard • coordinatrice du festival 1ère marche

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La Ligue de l’enseignement de l’Aube donne chaque année la chance aux jeunes réalisateurs ou vidéastes de présenter leurs courts-métrages au festival 1ère marche. Pendant 5 jours, passionnés, amateurs et professionnels se réunissent autour du 7e art. Une semaine rythmée par des projections quotidiennes, des stages, des interventions dans les établissements scolaires, des masterclass et des rencontres, … Un moment privilégié de découvertes et de débats avec des professionnels du cinéma.

La 27ème édition se déroule du 20 au 24 mai 2025 à Troyes. Pauline Guignard, déléguée culture et chargée de mission du Festival 1ère Marche nous en parle.

  • Quelle est la singularité du Festival 1ère marche ?

Le festival 1ère marche a pour objectif principal de mettre en lumière les jeunes cinéastes qui souhaitent faire du 7e art leur métier.

L’objectif est de les aider à montrer leur travail et créer un réseau de professionnels et d’amateurs qui les aidera à se lacer sur cette voie professionnelle.

Ce qui découle sur une autre particularité du Festival 1ère marche : le fait de diffuser en très grande majorité des courts-métrages et non pas des longs-métrages (malgré quelques exceptions).

  • Quels sont les temps forts ou les nouveautés de cette édition 2025 ?

La principale nouveauté est la période du Festival. En effet, il se déroule toujours sur 5 jours, mais cette année il aura lieu du mardi au samedi (il avait lieu du lundi au vendredi auparavant). Cette configuration nous permet de proposer plus de choses en tout public le samedi, notamment deux rencontres avec des professionnels du cinéma :

  • Edouard SISTERNAS, superviseur 3D et infographie pour le cinéma d’animation (rencontre à la Médiathèque Jacques Chirac de Troyes)
  • Xavier Bélony MUSSEL, acteur et réalisateur. Son film « Le Naméssime » sera diffusé au CGR suivi d’un échange avec lui.

Autre nouveauté, la catégorie Espoir sera divisée en 2 catégories : « Espoirs Indépendants » et « Espoirs Accompagnés », la 1ère regroupe les films réalisés avec les moyens propres des jeunes, la 2ème catégorie quant à elle regroupe les films réalisés dans le cadre d’une école de cinéma ou bien soutenu par une société de production.

  • A quels types de films et de jeunes auteurs donnez-vous la parole ?

Les films en compétition sont tous des films de jeunes de moins de 32 ans, qui font moins de 10 minutes et qui sont des films de fiction ou d’animation.

Concernant les autres diffusions nous mettons surtout en avant des talents locaux et régionaux, car nous pensons que le partage de leur parcours résonnera encore plus avec le public et les jeunes cinéastes présents sur le Festival.

  • Quelle place accordez-vous à la rencontre avec les publics, notamment les plus jeunes, et à l’éducation aux images dans le festival ?

Les soirées et le samedi sont plutôt consacrés au tout public. En revanche, les autres journées sont consacrées aux scolaires et au jeune public.

Plusieurs séances sont organisées :

  • « Ma classe au cinéma » pour les élémentaires et pour les collèges/lycées
  • « Schoolmove » un dérivé de notre concours Smartmove adapté pour les scolaires
  • des rencontres dans les établissements scolaires avec le jury professionnel
  • « jury en quartier » un projet avec en amont du Festival des ateliers sur le cinéma et la critique cinématographique qui se termine pendant le Festival avec une séance spéciale ou les élèves participants jugent une sélection de film faite pour eux.

L’éducation aux image passe aussi par le concours « Smartmove » et son dérivé « Teenmove », où les participants doivent réaliser un court-métrage de 5 minutes maximum avec la seule aide de leur téléphone portable en respectant 1 thème et 3 contraintes, le tout en seulement 5 jours.

Un stage de cinéma est également organisé avant le Festival (cette année du 7 au 11 avril). Pendant 5 jours, une quinzaine de jeunes viennent faire un film de manière accompagnée : écriture de scénario, découpage technique, tournage …

Le mercredi après-midi est également consacré au jeune public avec la diffusion des films « Teenmove » et ceux réalisés par la Ligue de l’Enseignement tout au long de l’année.

Nous essayons aussi de développer des actions du festival en dehors de Troyes. Pour cela nous avons un partenariat avec L’Aiguillage (tiers-lieu situé à Polisot en ruralité), où nous organisons une séance de films d’animation jeune public ainsi qu’un stage de storyboarding (également une nouveauté de cette année).

Interview : Raphaël Pollard • directeur du cinéma Le Palace à Epernay

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En quelques mots, pouvez-vous nous présenter les projets que vous menez avec le Blackmaria ?

Le Palace et le Blackmaria œuvrent dans différentes perspectives, avec le Blackmaria l’éducation aux images passe par l’analyse et la pratique. En tant que salle de cinéma, notre approche est forcément plus axée sur la diffusion et la confrontation émotionnelle aux œuvres.

Je définirais nos deux approches comme complémentaires, qui arrivent à s’articuler autour d’un même projet et d’une même envie. Pour une classe qui a la chance de voir un film au Palace puis d’avoir une intervention en classe ou en salle avec les équipes du Blackmaria pour déployer toutes les idées qui découlent d’une œuvre ; c’est une expérience formidable.

Nous accueillons aussi ponctuellement des restitutions d’ateliers au Palace ce qui permet de donner un cadre et un écho différent au travail effectué pendant l’année. Je suis ravi de ces échanges et de ces ponts entre nos deux structures, car pour moi nous œuvrons dans le même but. Nos échanges aux détours des comités de pilotage des dispositifs sont toujours précieux et passionnés.

Quelle est votre définition de l’éducation aux images ?

Nous nous considérons comme des passeurs d’images avec l’idée de diffuser une culture cinéphile à la fois exigeante dans l’approche et la proposition, mais simple et décontractée dans la forme. En tant que passeurs nous devons aussi laisser aux jeunes spectateurs un espace suffisant pour leurs réflexions afin qu’ils deviennent des spectateurs curieux et qu’ils prennent plaisir à voir des œuvres différentes.

Nous essayons à notre niveau de lutter contre le déterminisme social et d’offrir aux jeunes un panel de toutes les possibilités offertes par ce médium. Nous croyons fermement dans les actions d’éducation aux images pour développer la curiosité et le goût du public. Comme pour le vin et la gastronomie, le goût du cinéma se travaille en voyant des œuvres variées et en se posant des questions sur le sens des images que nous voyons et sur les intentions de l’auteur à travers l’histoire qu’il nous raconte.

Comment intégrez-vous cette question dans votre projet ?

En tant qu’établissement privé nous devons concilier deux cultures, celle de l’action culturelle et de notre secteur d’activité (qui est commerciale par nature). Le Palace a toujours proposé cette double approche car nous sommes conscients de la place que nous occupons dans la ville et dans la vie locale. C’est une action que nous considérons comme essentielle et en même temps indirecte par rapport à notre activité.

Le fait que nous (cinéma privé) coordonnions un dispositif scolaire est un phénomène rare à l’échelle nationale qui démontre notre engagement et notre envie de partager cette culture de l’image. Cela se ressent également dans notre programmation hebdomadaire et le maintien du label cinéma d’Art et d’Essai, qui est un objectif fondamental pour nous.

Interview : Emilie Bodet • éducatrice spécialisée pour l’ACCP

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1) En quelques mots, pouvez-vous nous présenter le projet que vous menez avec le Télé Centre Bernon ?

Ce projet vise à prévenir les risques prostitutionnels chez les mineurs à travers une approche en deux temps.

D’abord, un groupe de dix jeunes participe à une série d’ateliers animés par des associations et structures spécialisées. Ensemble, ils explorent des thématiques essentielles : égalité, sexisme, place des femmes dans la société et sur les réseaux sociaux, ainsi que l’impact des images à caractère pornographique omniprésentes dans notre quotidien. L’objectif est de leur permettre d’acquérir des connaissances pour concevoir des outils de prévention – des affiches et un court-métrage – destinés à être diffusés auprès de leurs pairs et dans diverses structures (écoles, associations…).

En parallèle, nous organisons trois ciné-débats et une représentation de théâtre-débat pour sensibiliser un public plus large. Informer et briser le tabou autour de cette problématique est essentiel pour mieux prévenir ce fléau.


2) Quelle est votre définition de l’éducation aux images ?

L’éducation aux images vise à développer l’esprit critique des jeunes face au flot d’images qui les entourent. Il s’agit de leur apprendre à analyser et à décoder les contenus visuels, à comprendre les intentions qui les sous-tendent et à ne pas prendre pour argent comptant tout ce qui circule, notamment sur les réseaux sociaux. Cet apprentissage leur permet de forger leur propre réflexion et de devenir des spectateurs actifs et éclairés.

3) Comment intégrez-vous cette question dans votre projet ?

Les jeunes participent à des ateliers d’éducation à l’image et aux réseaux sociaux, où ils analysent leurs propres pratiques et prennent du recul sur leur rapport aux images. Ces échanges leur permettent de mieux comprendre les mécanismes de diffusion et d’influence des contenus visuels. En s’appropriant la problématique, ils deviennent acteurs de la prévention : ce sont eux qui réalisent aujourd’hui un court-métrage pour sensibiliser aux dangers de la prostitution chez les mineurs.

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