Interview : Raphaël Pollard • directeur du cinéma Le Palace à Epernay

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En quelques mots, pouvez-vous nous présenter les projets que vous menez avec le Blackmaria ?

Le Palace et le Blackmaria œuvrent dans différentes perspectives, avec le Blackmaria l’éducation aux images passe par l’analyse et la pratique. En tant que salle de cinéma, notre approche est forcément plus axée sur la diffusion et la confrontation émotionnelle aux œuvres.

Je définirais nos deux approches comme complémentaires, qui arrivent à s’articuler autour d’un même projet et d’une même envie. Pour une classe qui a la chance de voir un film au Palace puis d’avoir une intervention en classe ou en salle avec les équipes du Blackmaria pour déployer toutes les idées qui découlent d’une œuvre ; c’est une expérience formidable.

Nous accueillons aussi ponctuellement des restitutions d’ateliers au Palace ce qui permet de donner un cadre et un écho différent au travail effectué pendant l’année. Je suis ravi de ces échanges et de ces ponts entre nos deux structures, car pour moi nous œuvrons dans le même but. Nos échanges aux détours des comités de pilotage des dispositifs sont toujours précieux et passionnés.

Quelle est votre définition de l’éducation aux images ?

Nous nous considérons comme des passeurs d’images avec l’idée de diffuser une culture cinéphile à la fois exigeante dans l’approche et la proposition, mais simple et décontractée dans la forme. En tant que passeurs nous devons aussi laisser aux jeunes spectateurs un espace suffisant pour leurs réflexions afin qu’ils deviennent des spectateurs curieux et qu’ils prennent plaisir à voir des œuvres différentes.

Nous essayons à notre niveau de lutter contre le déterminisme social et d’offrir aux jeunes un panel de toutes les possibilités offertes par ce médium. Nous croyons fermement dans les actions d’éducation aux images pour développer la curiosité et le goût du public. Comme pour le vin et la gastronomie, le goût du cinéma se travaille en voyant des œuvres variées et en se posant des questions sur le sens des images que nous voyons et sur les intentions de l’auteur à travers l’histoire qu’il nous raconte.

Comment intégrez-vous cette question dans votre projet ?

En tant qu’établissement privé nous devons concilier deux cultures, celle de l’action culturelle et de notre secteur d’activité (qui est commerciale par nature). Le Palace a toujours proposé cette double approche car nous sommes conscients de la place que nous occupons dans la ville et dans la vie locale. C’est une action que nous considérons comme essentielle et en même temps indirecte par rapport à notre activité.

Le fait que nous (cinéma privé) coordonnions un dispositif scolaire est un phénomène rare à l’échelle nationale qui démontre notre engagement et notre envie de partager cette culture de l’image. Cela se ressent également dans notre programmation hebdomadaire et le maintien du label cinéma d’Art et d’Essai, qui est un objectif fondamental pour nous.

Interview : Emilie Bodet • éducatrice spécialisée pour l’ACCP

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1) En quelques mots, pouvez-vous nous présenter le projet que vous menez avec le Télé Centre Bernon ?

Ce projet vise à prévenir les risques prostitutionnels chez les mineurs à travers une approche en deux temps.

D’abord, un groupe de dix jeunes participe à une série d’ateliers animés par des associations et structures spécialisées. Ensemble, ils explorent des thématiques essentielles : égalité, sexisme, place des femmes dans la société et sur les réseaux sociaux, ainsi que l’impact des images à caractère pornographique omniprésentes dans notre quotidien. L’objectif est de leur permettre d’acquérir des connaissances pour concevoir des outils de prévention – des affiches et un court-métrage – destinés à être diffusés auprès de leurs pairs et dans diverses structures (écoles, associations…).

En parallèle, nous organisons trois ciné-débats et une représentation de théâtre-débat pour sensibiliser un public plus large. Informer et briser le tabou autour de cette problématique est essentiel pour mieux prévenir ce fléau.


2) Quelle est votre définition de l’éducation aux images ?

L’éducation aux images vise à développer l’esprit critique des jeunes face au flot d’images qui les entourent. Il s’agit de leur apprendre à analyser et à décoder les contenus visuels, à comprendre les intentions qui les sous-tendent et à ne pas prendre pour argent comptant tout ce qui circule, notamment sur les réseaux sociaux. Cet apprentissage leur permet de forger leur propre réflexion et de devenir des spectateurs actifs et éclairés.

3) Comment intégrez-vous cette question dans votre projet ?

Les jeunes participent à des ateliers d’éducation à l’image et aux réseaux sociaux, où ils analysent leurs propres pratiques et prennent du recul sur leur rapport aux images. Ces échanges leur permettent de mieux comprendre les mécanismes de diffusion et d’influence des contenus visuels. En s’appropriant la problématique, ils deviennent acteurs de la prévention : ce sont eux qui réalisent aujourd’hui un court-métrage pour sensibiliser aux dangers de la prostitution chez les mineurs.

Interview : Brigitte Guyot• Présidente de 7ème oeil

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Interview de Brigitte Guyot, présidente de 7ème oeil, association de passionné.es de cinéma réuni.es autour d’un ciné-club et souhaitant faire vivre le 7èmeArt à Reims !

1 / Pouvez-vous vous présenter et nous parler des projets que vous avez menés avec le Blackmaria, ainsi que ceux à venir ?

J’ai consacré une grande partie de ma vie d’enseignante à l’éducation à l’image, et je suis ravie de pouvoir poursuivre cet engagement au sein du Blackmaria et de l’association 7ᵉ Œil, dont je suis la cofondatrice et présidente.

Récemment, j’ai travaillé sur une fiche d’exercices dédiée au film Certains l’aiment chaud (Some Like It Hot) de Billy Wilder. Mon objectif était double :

  • Proposer des approches variées pour explorer une œuvre du patrimoine cinématographique.
  • Fournir un outil clé en main pour les enseignants, avec des exercices diversifiés et des informations essentielles sur le film et son contexte de création, sachant qu’ils manquent souvent de temps pour mener ces recherches eux-mêmes.

Ce travail se prolongera prochainement par l’animation de deux séances de formation à destination des professeur.e.s, axées sur ce film ainsi que sur Citizen Kane d’Orson Welles.

2 / Quelle est votre définition de l’éducation aux images ?

Je tiens d’abord à souligner l’importance du pluriel : les images. Elles sont multiples – fixes ou animées, souvent hybrides – et font partie intégrante de l’éducation, qu’elle soit scolaire, sociétale ou civique. Elles nous touchent à travers divers supports, du grand écran au téléphone portable.

Bien que ma préférence aille au cinéma, je suis consciente des évolutions des médias et des nouvelles pratiques autour de l’image. Ainsi, je préfère parler d’éducation du regard.

L’image se voit, mais elle n’est pas toujours regardée. C’est là que réside, selon moi, le cœur de cette éducation : apprendre à décrypter, analyser et comprendre une image, qu’elle soit filmique, documentaire, publicitaire ou issue des réseaux sociaux. Cette approche inclut :

  • Le regard de celui qui reçoit l’image.
  • Le regard du créateur ou de la créatrice, et ce qu’il ou elle choisit de montrer ou non.

En développant cette compréhension, on favorise l’esprit critique, qui est fondamental dans toute démarche éducative.

3 / Comment intégrez-vous cette question dans vos projets ?

Que ce soit dans les fiches que je rédige pour Lycéens et apprentis au cinéma ou dans mes activités au sein de l’association, cette notion de regard est au cœur de ma réflexion.

Je m’efforce de la transmettre à différents publics, qu’il s’agisse de jeunes ou d’adultes, comme lors des séances de ciné-club que nous organisons à l’Opéraims, avec une programmation annuelle de 30 films.

Montrer que chaque photo ou plan peut – et doit – être interrogé dans sa forme et son contenu me semble essentiel pour former des « regardeurs actifs ». Face au flux incessant d’images auquel nous sommes confrontés quotidiennement, il est primordial de développer cette capacité d’analyse pour mieux comprendre le monde qui nous entoure.

Interview : Nathalie Zelanti • Lycée La Fontaine du Vé

Interview de Nathalie Zelanti, enseignante de l’option cinéma au lycée La Fontaine du Vé de Sézanne (51) sur 2 projets menés avec le Blackmaria

1. Présentez-vous et dites-nous quelques mots sur le projet que vous avez mené récemment avec le Blackmaria et celui que vous mènerez prochainement.

« Je m’appelle Nathalie Zelanti et je suis professeure de Lettres modernes et de Cinéma-audiovisuel au lycée polyvalent de La Fontaine du Vé à Sézanne. L’an passé, le Blackmaria et le CNC ont accompagné nos 22 élèves de Première en option CAV dans le cadre du projet « Écris ta série« . Ce dispositif a très bien fonctionné et a particulièrement intéressé les lycéens.

Cette année, en collaboration avec le professeur d’Histoire-Géographie et de Cinéma-audiovisuel, 26 élèves de Terminale en option CAV participeront avec le Blackmaria au projet Kinotrope avec Image’Est. À partir des archives de différentes cinémathèques de la Région Grand Est, nos lycéens devront proposer cinq ou six documentaires, chacun de cinq minutes, sur la thématique de la Seconde Guerre mondiale en Lorraine et Champagne-Ardenne ou sur celle du sport, selon le choix des différents groupes. Grâce à cette éducation spécifique à l’image, nos élèves s’exerceront au montage d’archives vidéo tout en enrichissant leurs connaissances sur le genre du documentaire et sur l’Histoire de notre région. Ce projet débutera mi-octobre pour s’achever début décembre. »

2. Quelle serait pour vous la définition de l’éducation aux images ?

« Éduquer aux images, c’est avant tout, pour ma part, sensibiliser l’élève aux effets produits ou recherchés par les images, quelle que soit leur nature, dans le but d’exercer son esprit critique tout en cultivant son plaisir, sa capacité d’observation, et sa curiosité. C’est tenter de lui donner les clés pour mieux appréhender le monde qui nous entoure, passé, contemporain ou futur. C’est l’accompagner pour le guider face au pouvoir complexe et grandissant de l’intelligence artificielle.

Éduquer aux images, c’est ainsi éduquer à la fois le regard et l’esprit. C’est tenter d’apporter les moyens de rester vigilant sur les liens tissés entre le monde réel et les images. C’est offrir une distanciation critique et une solide culture dans divers domaines. Et c’est, à partir de la connaissance des images, de la maîtrise du vocabulaire spécifique, et de la pratique artistique, donner envie de devenir créateur à son tour et non plus seulement spectateur ! »

3. Comment tentez-vous d’intégrer cette question dans vos travaux/projets ?

« Toute étude menée à partir de l’histoire des arts, en Français, Histoire-Géographie, EMC ou toute autre discipline, interpelle d’emblée l’élève et l’incite à devenir acteur et non pas seulement spectateur du cours. Partir de l’analyse collective d’une image fixe ou animée (peinture, photographie, extrait vidéo, interview, documentaire, adaptation littéraire au cinéma et à la télévision…) permet d’immerger l’élève dans une époque différente de la nôtre et de lui donner les moyens et l’envie de comprendre le contexte de chaque création artistique.

C’est pourquoi j’exploite le plus possible les ressources des images dans mes cours, en variant les approches et la nature des documents. Les élèves élaborent ensuite individuellement ou collectivement des cartes mentales à partir des émotions et analyses des différents supports. En fin de séquence, en français, pour chaque objet d’étude, je demande aux élèves de passer à la réalisation : par exemple, filmer une saynète théâtrale écrite en groupe, créer des illustrations correspondant à des poésies personnelles, réaliser du photojournalisme, filmer des interviews d’auteurs ou de personnages fictifs, ou encore esquisser des croquis pour des joutes oratoires.

Cette éducation aux images est au cœur de l’enseignement en Cinéma-audiovisuel, avec pour objectif de permettre aux élèves, à travers diverses mises en situation, de maîtriser les techniques cinématographiques, d’appréhender les périodes de l’histoire du cinéma, les spécificités des genres cinématographiques, et les innovations techniques au fil des époques. Par exemple, réaliser plusieurs prises de vues d’une même situation avec des intentions différentes permet de montrer comment imposer un point de vue particulier ou déformer la réalité. Réaliser un film d’animation en stop motion permet également d’exploiter de manière privilégiée l’éducation aux images. »

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Interview : Geoffroy Ferte • Virtual Plan Advantage

Interview de Geoffroy Ferte, Virtual Plan Advantage, sur l’exposition sur le cyberharcèlement en réalité augmentée :

– Présente-toi et dis-nous quelques mots sur le projet que tu as mené récemment avec le Blackmaria

Je suis Geoffroy Ferte et je suis, à la base, réalisateur de visites virtuelles. Depuis quelques années, je me suis mis à utiliser la réalité virtuelle pour essayer de répondre à cette question : « Comment utiliser le numérique pour avoir un impact positif ? » J’ai, depuis, mener des projets avec les EHPAD, en pédopsychiatrie, dans les écoles, etc. 

J’ai mené avec le Blackmaria un projet autour de la sensibilisation des dérives du numérique avec deux classes allant du niveau de CE2, CM1 et CM2. Après avoir échangé avec les enfants, ces derniers ont réalisé par groupe deux productions en réalité augmentée. L’une traitant d’une dérive (comme l’exposition sur les dangers des réseaux sociaux) et une autre donnant une possible action pour solutionner cette dérive. 

Toutes les productions ont été exposées au Centre Saint Ex Culture Numérique Reims pendant deux semaines. J’ai pu faire venir quelques écoles, une EHPAD et un centre de loisirs pour créer des discussions autour du numérique. Il y a aussi eu des personnes qui passaient par Saint Ex qui ont pu profiter de l’exposition. 

– Quelle serait, pour toi, ta définition de l’éducation aux images ?

C’est sensibiliser à l’utilisation des outils utilisant l’image pour leur côté positif et leurs points de vigilance.  Et c’est aussi utiliser ces outils ludiques qui parlent à tout le monde pour faire passer des messages.

– Comment tentes-tu d’intégrer cette question dans tes travaux/projets ?

Tous les projets dont je fais partie ont un côté ludique. Je pense que les projets dans lesquels nous trouvons un amusement ont plus d’impacts. 

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Interview : Gilbert Desveaux • Reims Polar

Découvrez les mots de Gilbert Desveaux, Directeur de Projet Culturel à Reims Polar, sur la prochaine édition du Festival du Film Policier à Reims :

« Après un lancement digital en 2021, puis deux éditions physiques en 2022 et 2023, REIMS POLAR revient du 9 au 14 avril 2024, au cinéma OPERAIMS, pour dresser une cartographie internationale du meilleur du film noir. Entouré de jurys et talents du cinéma, le Festival propose au public une programmation éclectique et exigeante, composée d’une quarantaine de films, venant questionner le genre, ainsi que des rencontres et des leçons de cinéma.

Après Cognac et Beaune, le Festival poursuit sa quête des meilleurs films noirs et est aujourd’hui associé à des grands noms du cinéma tels que David Cronenberg, David Lynch, Samuel Lee Jackson, James Gray, William Friedkin, Park Chan-wook, Viggo Mortensen, Nicolas Winding-Refn…

Situé en plein cœur de la ville, l’OPERAIMS est un cinéma indépendant classé art et essai qui compte 11 salles et qui a ouvert ses portes en 2019. Ce bâtiment art déco est devenu LE lieu de rendez-vous du Festival puisqu’il accueille tous les événements : cérémonies, projections, rencontres et leçons de cinéma.

Dans un esprit de transmission et d’éducation à l’image, la quatrième édition de REIMS POLAR innove en proposant un programme adapté pour les lycéens et étudiants. Le Festival resserre les liens avec le secteur éducatif en proposant des séances, sur le temps scolaire, payables avec le PASS CULTURE COLLECTIF, pour présenter les films programmés dans les hommages au cinéma italien et à l’œuvre de Claude Chabrol, sans oublier le PRIX CLAUDE CHABROL qui sera remis cette année à Pierre Jolivet pour Les Algues Vertes.

Véritable plateforme de lancement des films auprès d’un public fidèle, REIMS POLAR est LE rendez-vous de tous les amateurs de polar. »

🌐 Pour en savoir plus et réserver vos places dès maintenant, rendez-vous sur : reimspolar.com

TARIFS :

  • PASS FESTIVAL : 60€
  • PASS ÉTUDIANT : 40€
  • Billet séance : 10€
  • Billet réduit (étudiant…) : 6€
  • Tarif scolaire appliqué par OPERAIMS : 4,50 € / PASS CULTURE

Rejoignez-nous pour une semaine placée sous le signe du suspense et de l’émotion cinématographique au cœur de Reims !

Interview : Brigitte Guyot • 7ème Oeil

Brigitte Guyot de l’association 7eme Œil nous raconte la projection en avant-première du film Bâtiment 5 de Ladj Ly qui a eu lieu le samedi 2 décembre au cinéma Opéraims :

« L’Association 7èmeOeil est très heureuse du succès de la première avant-première qu’ils organisent. Samedi 2 décembre plus de 350 spectateurs sont venus à l’Opéraims pour la projection de Bâtiment 5, le dernier film de Ladj Ly. En sa présence, et celle de trois de ses acteurs et de son distributeur. Un public enthousiaste qui lui a fait une standing ovation, un public varié composé aussi bien de cinéphiles, des membres de nombreuses associations, d’anciens et de jeunes.
Merci à tous ceux qui ont aidé à ce succès, de l’Opéraims à Passeurs d’images, et un grand merci aux élèves du Lycée Clemenceau de l’Option de Spécialité Cinéma qui ont su animer avec talent le débat avec le public, pendant que d’autres filmaient l’évènement.

Le film est sorti le 6 décembre. Ne le manquez pas ! »

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